dimanche 13 décembre 2009

Valleyfield et son PADD-E / Global Clean Energy : vers un PPP ou un monopole clé en main ?


Mercredi, 16 décembre 15:00

Mise à jour. Suite à une relecture plus attentive du communiqué de presse publié par la Ville sur son site en date du 9 décembre, et auquel je fais référence ci-après, je constate donc que la Ville est partenaire de Global Clean Energy Inc. (GCEI) dans ce projet « de gazéification d’un ensemble de matières résiduelles municipales (MRM) et de rebuts industriels dans le but de produire des gaz synthétiques et du biodiesel ».

Un PPP (partenariat public-privé) aurait donc été formé.

D'autres partenaires en sont-ils actionnaires? Et selon quelles proportions les actions ont-elles été réparties entre les partenaires?

N.B. Le document «Fonds municipal vert, Appel de demandes : Matières résiduelles, lignes directrices», Février 2009, p. 11, nous rappelle ce que sont les MRM...

«Matières résiduelles municipales (MRM) : comprend la quantité de matières résiduelles applicables aux programmes municipaux destinés à l’enfouissement, notamment toutes les composantes des déchets résidentiels, industriels, commerciaux et institutionnels, les résidus domestiques dangereux et les déchets de construction et de démolition ainsi que ceux provenant de d’autres sources qui pourraient inclure les biosolides, les boues de fosses septiques et les boues des usines de pâtes et papier.»

À la suite de quoi, le document stipule que : «Aux fins du présent appel de demandes, les MRM n’incluront que les déchets gérés par une municipalité, soit directement, par des procédés et des installations appartenant à la municipalité, soit indirectement dans le cadre de contrats de services.»

* * *
Dimanche, 13 décembre

«Des déchets transformés en mazout d'une manière écologique», tel est le titre de l'article de Normand Morand, journaliste au journal régional Le Soleil, article publié dans l'édition du 12 décembre 2009 en pages 18 et 20.

N.B. Un communiqué de presse, quelque plus étoffé, a été affiché sur le site web de la Ville.

Le sur-titre de l'article du journaliste au Le Soleil est «Valleyfield demeure à l'avant-garde».

Mais à l'avant-garde de quoi?

Je mentionnais, dans l'un de mes articles précédents, que la France, depuis plusieurs années déjà, transforme une certaine part de ses déchets en carburant et/ou combustible plutôt que des les enfouir et/ou de les incinérer : «L'usine de Romainville, dont la construction débutera en 2010, traitera près de 400 000 tonnes d'ordures ménagères.» Alors, en quoi la technologie mise de l'avant par l'entreprise privée Global Clean Energy (GCEI) «qui possède des bureaux à Montréal, Londres et Houston» - et dont le siège social est à Denver, Colorado, et dont le actions se transigent sur le NASDAQ -, est-elle si innovante par rapport aux technologies françaises dûment éprouvées?

On n'en sait rien.

Car enfin, pourquoi financerions-nous, à même nos poches, un projet de recherche privé si une technologie, peut-être tout aussi performante et écologique, existe déjà?! Car ce «projet expérimental unique au Canada ... nécessitera un investis-sement d'un million $ au cours de sa première phase». Et GCEI y met-elle alors quelques-uns de ses sous?

On n'en sait rien.

Sans compter que, selon le communiqué de presse, Cascades Canada est aussi de la partie : «De plus, ce projet qui a le soutien de la MRC de Beauharnois-Salaberry est appuyé par une équipe technique solide constituée des experts de Global Clean Energy, de la compagnie Cascades Canada Inc., et de chercheurs de l’Université Concordia.»

Puis, «une usine-pilote verra le jour l'automne prochain» (20-40 emplois). Puis, «une véritable usine de transformation sera construite à l'automne 2011» (50-75 emplois). Annuellement, cette usine de gazéification s'alimentera de «30 000 à 50 000 tonnes métriques de déchets» et produira «des gaz de synthèse facilement transformable en combustible ou en énergie». Puis, suivra «la mise en place d'un centre de tri régional pouvant desservir toutes les municipalités du Suroît» (? emplois).

Mais les déchets industriels et commerciaux de la région y seront-ils aussi reçus et triés? Et dans quelles proportions? Qu'adviendra-t-il des parts non reçues ou rejetées lors du tri? Dans quelles proportions ces déchets non domestiques seront-ils acheminés à l'usine de gazéification? De plus, qu'adviendra-t-il des déchets domestiques rejetés lors du tri?

On n'en sait rien.

Et, en passant, qui donc sera le propriétaire et opérateur (et actionnaire?) du futur centre de tri?

On n'en sait rien.

Normand Morand écrit alors que GCEI «profitera du soutien technique et financier du Fonds municipal vert de la Fédération canadienne des municipalités et de la Ville de Salaberry-de-Valleyfield». Ah bon... L'auteur ajoute : «...il a été impossible de savoir quel montant global pourrait être investi d'ici la mise en opération de l'usine». Ah bon...

Mais les actionnaires de cette entreprise privée y vont-ils aussi de leurs sous? Et selon quelles proportions?

On n'en sait rien.

Et donc... avons-nous ici affaire à un PPP, un partenariat public-privé? Ou à... toute autre chose? Et à quoi?

On n'en sait rien.

Car, en bout de ligne, si tout va pour le mieux, qui donc sera le propriétaire-actionnaire de cette usine (réellement innovatrice?) de traitement des déchets? Et qui donc en empochera les profits? Ou écopera ses pertes? GCEI et Cascades Canada, La Fédération canadienne des municipalités? La Ville? Ou un PPP? Et si c'est un PPP, selon quelles proportions?

On n'en sait rien.

Car supposons que nos taxes et impôts financent le tout... et que GCEI en soit tout de même l'unique propriétaire-actionnaire, comment nos élus s'assureront-ils alors que GCEI - qui se garantirait ainsi une position de monopole dans le traitement de nos déchets - ne nous chargera pas «la peau des fesses» tout au long de ses innombrables années d'opération tout en empochant de juteux profits lors de la revente de ses produits de synthèse? Dont ses «45 000 000 de litres de mazout»... à la Ville. Et au prix du marché d'alors, je présume...

On n'en sait rien.

«Sans incidence sur l'environnement», ce projet s'inscrit dans la «quête du développement durable» de la Ville. OK... Nos déchets seront recyclés en mazout plutôt que d'être transportés à grands frais vers des sites d'enfouissement. Et faute d'une alternative à long terme pour alimenter, entre autres, nos véhicules en énergie, c'est probablement «un bon coup».

Car, le pétrole s'épuise rapidement et à fort prix, les stations services à l'hydrogène se font toujours attendre, et le lithium, constituant essentiel des piles électriques de nos écovéhicules compacts et sous-compacts, est une ressource qui sera peut-être rapidement épuisée si cette technologie est implantée tout azimut par les producteurs de l'automobile... Alors, une petite source de mazout dans notre région, pourquoi pas?!

Mais quand le pétrole se vendra 150 U$ et + le baril, à combien donc se détaillera ce mazout, pardon, ce biodiesel? Hum... Et qui donc empochera les profits? GCEI ou un quelconque PPP?

On n'en sait rien.

Si nos élus ont quelque bon sens, ne devraient-ils pas nous prendre une part généreuse dans ce projet (51% versus 49%, par exemple...) afin d'en contrôler les coûts d'opération, le montant des factures chargées aux clients (c'est-à-dire nous, les citoyens du Suroît) et afin d'empocher notre part des profits dans le but d'alléger «les factures chargées aux client»?

Car ça, des profits, je suspecte qu'il y en aura...  ;-)

Espérant d'ici peu quelques réponses à mes interrogations, me semble-t-il, légitimes,

A+

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